Le gouvernement cubain autorise les processions du Vendredi saint après plusieurs interdictions durant la Semaine sainte

Lors d'une Semaine Sainte marquée par la censure religieuse, certaines processions ont pu avoir lieu avec une autorisation officielle, tandis que dans d'autres villes, le régime a choisi la prohibition et la surveillance.


Malgré le climat de censure religieuse qui persiste à Cuba, certaines communautés catholiques ont réussi, ce Vendredi Saint, à organiser des processions dans les rues de leurs localités.

Ces événements, qui ont bénéficié de l'autorisation officielle, contrastent avec d'autres expressions de foi qui ont été interdites au cours de la même semaine dans différentes villes du pays, ce qui remet de nouveau sur la table le lien complexe et conflictuel entre le régime cubain et l'Église catholique.

Une des processions autorisées a eu lieu à La Havane, où la Paroisse du Sacré-Cœur de Jésus, située sur la rue centrale Línea de El Vedado, a reçu l'approbation pour faire défiler ses fidèles dans la rue.

Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux par la propre paroisse, on observe un important groupe de croyants – avec une participation juvénile notable – marchant en procession, portant des images de Jésus-Christ et de la Vierge Marie.

La marche était même accompagnée d'une voiture avec des haut-parleurs, à partir de laquelle des passages bibliques et de la musique sacrée étaient diffusés.

Dans le contexte d'une Semaine Sainte où des interdictions d'événements religieux ont été enregistrées, le permis accordé à cette paroisse ne semble pas indiquer un changement de cap, mais plutôt une exception au sein d'un environnement hostile.

À Baracoa, la ville primée de Cuba, une procession religieuse a également eu lieu, se terminant à la Cathédrale Notre-Dame de l'Assomption.

Captura de Facebook / Radio Baracoa

Les médias locaux officiels cubains ont couvert l'événement, le décrivant comme une expression de "l'unité communautaire" et de "la préservation de l'identité culturelle".

Cette rhétorique cherche à encadrer la religion dans une narrative patrimoniale et contrôlée, sans faire mention des restrictions imposées à la liberté de culte dans d'autres régions du pays.

Processions interdites : l'autre visage de la Semaine Sainte

Tandis que dans certains lieux les processions ont été autorisées, dans d'autres on leur a fermé la porte.

En Trinidad, Sancti Spíritus, le régime a interdit la traditionnelle procession du Christ de l'Humilité et de la Patience, une manifestation de foi âgée de plus de 100 ans.

La négative des autorités a provoqué l'indignation du prêtre Lester Rafael Zayas Díaz, qui a dénoncé publiquement le fait à travers ses réseaux sociaux, le qualifiant d'"atropello irresponsable".

Zayas a expliqué que la demande pour réaliser la procession a été soumise avec presque deux mois d'avance, dépassant largement les exigences légales.

Cependant, les autorités ont affirmé que "ce n'était pas dans les habitudes" de réaliser cette activité dans la ville - malgré un siècle de tradition qui la soutient - et que la demande avait été présentée hors délai, un argument qui a été démenti par le prêtre lui-même, avec des documents en main.

La réponse du régime n'était pas seulement administrative. Le jour où la procession devait avoir lieu, le parc devant l'église s'est retrouvé envahi par des agents de la Sécurité de l'État en civil, certains à moto sans plaque d'immatriculation.

Pour beaucoup, c'était une claire tentative d'intimidation, visant à la fois le clergé et les fidèles qui s'étaient rassemblés dans l'espoir de vivre leur foi en communauté. La répression, bien que non violente dans ce cas, était évidente : il ne s'agissait pas de préserver l'ordre, mais d'étouffer toute expression qui pourrait échapper au contrôle de l'État.

Ce n'était pas un événement isolé. Le Solemne Viacrucis du Dimanche des Rameaux à El Vedado, La Havane, organisé par la Vicarie de l'Archidiocèse, a également été annulé pour la deuxième année consécutive.

D'autre part, au Sanctuaire National du Cobre, à Santiago de Cuba, a eu lieu l'une des célébrations les plus populaires de la Semaine Sainte.

Des centaines de personnes ont participé à la bénédiction des rameaux et à la liturgie du Dimanche des Rameaux, parmi lesquelles figuraient même des membres de l'équipe de baseball de Granma, qui s'étaient rendus en pèlerinage.

L'attitude du gouvernement cubain envers l'Église catholique reste marquée par la méfiance et la censure. Bien que le discours officiel reconnaisse formellement la liberté religieuse, dans la pratique, l'accès des communautés de foi à l'espace public est restreint, conditionné et, dans de nombreux cas, directement interdit.

Comme l'a écrit le père Zayas dans sa dénonciation : "Nier l'exercice d'un droit porte finalement atteinte à tous les droits, et cela rend une société injuste."

Son message, profondément pastoral mais aussi politique au sens noble du terme, a été partagé des milliers de fois sur les réseaux sociaux et est devenu un symbole de la dignité face à l'oppression.

La Semaine Sainte de 2025 à Cuba a été, une fois de plus, une démonstration de contrastes. Alors que certains fidèles ont pu exprimer leur spiritualité en public, d'autres ont été réduits au silence par un système qui considère encore la religion comme une menace latente.

L'Église catholique, avec tous ses défis internes, continue d'être l'un des rares espaces où la vérité, la justice et la dignité trouvent une voix.

Sur une île où le contrôle du discours demeure strict, chaque pas d'une procession devient un acte de résistance. Car à Cuba, la foi ne déplace pas seulement des montagnes ; elle défie aussi des murs.

Questions fréquentes sur les processions de la Semaine Sainte à Cuba

Pourquoi le gouvernement cubain autorise-t-il certaines processions et en interdit-il d'autres ?

Le gouvernement cubain autorise certaines processions religieuses comme une exception et non comme un changement de politique en faveur de la liberté religieuse. L'approbation ou l'interdiction d'activités religieuses est conditionnée par l'intérêt du régime à maintenir le contrôle sur les expressions publiques de foi. Bien qu'il soit occasionnellement permis d'organiser une manifestation, comme cela a été le cas à La Havane et à Baracoa, d'autres processions, comme celle du Christ de l'Humilité à Trinidad, sont interdites, témoignant d'un environnement hostile envers l'Église catholique.

Que signifiait l'interdiction de la procession du Christ de l'Humilité à Trinidad ?

La prohibition de la procession du Christ de l'Humilité à Trinidad a été perçue comme un acte de censure et de répression religieuse de la part du régime cubain. Cette procession, forte de plus de 100 ans d'histoire, a été annulée par les autorités malgré une demande préalable. Le prêtre Lester Rafael Zayas Díaz a dénoncé l'interdiction comme un "excès irresponsable", soulignant la répression continue des manifestations religieuses à Cuba.

Quelle est l'importance des processions religieuses à Cuba ?

Les processions religieuses à Cuba sont des expressions de foi profondément enracinées dans la culture et l'histoire du pays. Elles représentent non seulement un acte de dévotion, mais aussi une forme de résistance face aux restrictions imposées par le régime. Dans un contexte où la liberté religieuse est conditionnée, les processions deviennent des symboles de la lutte pour le droit d'exprimer la spiritualité de manière publique et collective.

Comment l'Église catholique à Cuba a-t-elle répondu aux restrictions du gouvernement ?

La Église catholique à Cuba a adopté une position critique face aux restrictions du gouvernement concernant les manifestations religieuses. Les leaders religieux ont publiquement dénoncé les interdictions et ont appelé à la défense des droits à la liberté de culte. Malgré les défis, l'Église reste un espace où la vérité et la dignité sont valorisées, offrant une voix à ceux qui cherchent à exprimer leur foi dans un environnement répressif.

Archivé dans :

Équipe éditoriale de CiberCuba

Une équipe de journalistes engagés à informer sur l'actualité cubaine et les sujets d'intérêt mondial. Chez CiberCuba, nous travaillons pour offrir des informations véridiques et des analyses critiques.

OSZAR »